Le projet de l’Observatoire de la surveillance en démocratie se distingue par la méthode adoptée par le collectif, qui se veut à la fois scientifique, interdisciplinaire et ouverte.
La méthode adoptée par l’équipe interdisciplinaire du projet ne doit pas être, comme cela a déjà pu parfois être pratiqué à l’occasion de colloques ou d’écrits ponctuels, une juxtaposition des points de vue sur l’objet étudié. Au contraire, la durée de la collaboration et l’étroitesse des liens qui doivent être créés entre les chercheurs des différentes disciplines doivent amener à construire une démarche réellement interdisciplinaire en confrontant les regards et en favorisant la construction d’une solution intégrée.
À ce titre, une des premières étapes est de partager un vocabulaire commun et d’établir des guidelines partagées indispensables dans un contexte de travail collaboratif interdisciplinaire.
Ensuite, il ne s’agit pas seulement de prendre en compte les enjeux techniques, ou même de penser une adaptation du droit à la technique, mais d’élaborer par co-construction une solution technique au regard des enjeux juridiques, sociologiques, philosophiques, économiques et démocratiques. Cette démarche est originale. Il s’agira ainsi d’adopter les méthodes propres à chaque discipline pour les confronter : étude de terrain sociologique, exégèse de la littérature philosophique, apport des connaissances techniques de l’informatique, analyse et propositions des textes réglementaires et législatifs, etc. L’ensemble de ces outils concourent au but essentiel qui demeure la construction d’un rapport précis et de solutions techniques opérationnelles.
En somme, l’apport scientifique de ce projet réside d’abord et avant tout dans son interdisciplinarité. En effet, il est désormais plus que nécessaire de « décloisonner » les différentes disciplines qui peuvent déjà traiter de ces questions sporadiquement afin de prendre en compte l’intégralité des enjeux auxquels la démocratie est confrontée à travers le phénomène de surveillance entendu de manière large. Par exemple, la science informatique permettrait de comprendre les technologies de surveillance en termes d’architectures, de capacités et de neutralité. Le phénomène de la surveillance ne peut être pleinement mesuré sans s’interroger sur la collecte et le traitement généralisé des données, mais également sur l’utilisation des traitements algorithmiques dans les systèmes de surveillance.
Cet Observatoire pourra notamment s’insérer dans le réseau international des Surveillance studies très actif et dynamique depuis les années 1990. Ces études nord-américaines font de l’objet « surveillance » une discipline à part entière construite sur une interdisciplinarité assumée, mais sont encore très peu développées en Europe et plus encore en France.